Les choix de la ferme
On peut optimiser simultanément deux des paramètres du triptyque, mais rarement les trois. Aussi, tous les engins motorisés sont doublés de leur version manuelle : la tondeuse à gazon par la faux, le tracteur par la brouette, l’élagueuse par une scie, la bineuse par une bêche... Pour des travaux de faible envergure, il est souvent plus simple d’attraper un outil manuel à la volée.
La combinaison d’outils manuels et motorisés atteint une forme de neutralité, car leurs impacts respectifs s’équilibrent. L’outil manuel est plus résilient, tombe rarement en panne, ne consomme rien, prend peu de place, requiert peu de temps d’entretien, mais demande un effort physique conséquent qui prend du temps. L’engin motorisé, à l’inverse, économise du temps et de l’effort physique mais nécessite un entretien régulier, de l’espace de stockage et une consommation en carburant. Sur la ferme, ces choix permettent de limiter la consommation d’essence à moins de 150 litres par an.
D’autres outils : les animaux
La présence des boucs sur la ferme réduit considérablement le besoin d’outils mécaniques et constitue un levier clé de résilience agricole en terme d'entretien de certaines zones. Leur litière, recyclée par des lombrics, retourne au sol, limitant ainsi les intrants à long terme. La réflexion se porte actuellement sur l’emploi de poules ou de canards, qui pourraient renforcer cette autonomie en remplissant d’autres fonctions agroécologiques, notamment la gestion des ravageurs et l’amendement et l'entretien des zones de cultures.
Vers une autonomie agricole durable
Plutôt que de chercher à tout maîtriser, il s’agit d’orchestrer ces ressources pour en tirer le meilleur parti. Un travail d’ajustement permanent, mais qui garantit la résilience et la durabilité du projet.
Sobriété n'est pas privation
Les zones en culture de la ferme ne sont pas connectées au réseau électrique, ce qui n’empêche pas d’avoir un certain confort. En effet, un arrosage automatisé fonctionne avec des électrovannes de 9 volts reliées à un programmateur sur piles. Ce dernier est connecté à un pluviomètre qui bloque son déclenchement en cas de pluie. Une sonde tensiométrique mécanique, non connectée à ce système, permet de contrôler le taux d’humidité du sol et d’agir finement. Cet ensemble permet d’ajuster la consommation d’eau tout en stabilisant la croissance des plantes. Un investissement modeste d’une conception fiable qui n’impose pas une présence quotidienne et fait gagner du temps.
Optimiser le travail humain
L’un des défis majeurs d’une micro-ferme est de préserver l’efficacité tout en réduisant la pénibilité. Le fermier est un outil au rendement très faible, bien qu'étant un important consommateur en calories, il est peu endurant et capricieux. La diversité et l’organisation des tâches selon les saisons, l’adoption d’outils ergonomiques et l’aménagement des espaces de travail permettent de limiter la fatigue. L’alternance entre tâches physiques et plus légères, l’adaptation au climat et l’usage d’outils bien affûtés sont autant de stratégies pour préserver le corps et prolonger sa capacité de travail sur le long terme.
Pour conclure
En adoptant d'emblée une approche basée sur la sobriété énergétique, la diversification des outils, et l’intégration des animaux dans l’agroécosystème, il est possible de réduire l’empreinte écologique tout en maintenant une productivité viable. Ce modèle peut inspirer d’autres fermes en permaculture, agriculteurs en transition écologique et toute personne cherchant une alternative.